Carpe Diem – Centre de ressources Alzheimer
Fondé à Trois-Rivières, Carpe Diem – Centre de ressources Alzheimer offre des services spécifiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (et autres maladies apparentées) et leurs proches. Constatant la déshumanisation des soins et des services, les membres du conseil d’administration de la Société Alzheimer de la Mauricie développent, en 1995, un nouveau concept d’accompagnement et d’hébergement. Après les nombreuses pressions exercées par les différents acteurs concernés par le projet, la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux accepte finalement d’octroyer un financement de base à La Maison Carpe Diem.
La mission de l’organisme communautaire est de prendre en considération la personne accompagnée dans sa globalité en ne le réduisant pas à un statut de malade. Découlant de cette mission, le centre de ressource se démarque sur trois plans concernant l’innovation sociale, soit sur le plan organisationnel, clinique et institutionnel.
Sur le plan organisationnel, l’ensemble des services s’ajuste à la personne et à ses besoins. Tout le personnel est donc mobilisé pour assurer des services sur mesure à travers le décloisonnement des tâches. Bien entendu, cette organisation demande chez les professionnels des qualités et aptitudes relationnelles exceptionnelles. Par exemple, à travers une seule journée, un intervenant peut être amené à s’occuper de différentes sphères de la personne, allant de la pratique de loisirs à la préparation des repas en passant par les soins personnels. L’approche Carpe Diem se centre sur la relation de confiance avec la personne et leurs proches. Cette relation est à l’opposé de la relation de contrôle.
Sur le plan clinique, l’approche Carpe Diem propose une autre vision de l’intervention. C’est-à-dire que l’ensemble des soins et services mise sur le respect de la dignité de la personne, sur la possibilité d’un contact relationnel pleinement vécu et sur la participation des personnes vivant avec la maladie au fonctionnement de leur milieu de vie. De plus, la médication n’est pas utilisée comme un moyen de contrôle des comportements et ne sert pas à remplacer des accompagnements humains ou à combler des lacunes organisationnelles. Cette approche est renforcée par la centralisation dans un seul et même lieu des différents services requis : maintien à domicile, centre de jour et hébergement.
Finalement sur le plan institutionnel, Carpe Diem demeure une structure pleinement autonome, et ce, malgré ses différentes implications avec les établissements publics du réseau de la santé et des services sociaux de la région. C’est à travers l’autonomie que lui confère son statut que l’organisme peut librement définir ses orientations, ses politiques et ses approches. Cette indépendance sur le plan institutionnel lui permet également d’adapter de manière continue ses services, et ce, tout en lui conférant aucune limite territoriale.
À ce titre, l’approche Carpe Diem est une source d’inspiration non seulement pour le milieu de la santé au Québec, mais à travers le monde. Le transfert de l’approche au plan international a débuté dans les années 2000 et se poursuit aujourd’hui avec des formations, consultations et conférences dans les établissements de la France, Suisse, en Belgique et en Chine. De plus, dans les dernières années l’approche Carpe Diem a inspiré le projet des Maisons de Crolles, près de Grenoble en France. Ces maisons offrent un accompagnement aux personnes jeunes vivant avec la maladie d’Alzheimer (et maladies apparentées). Carpe Diem devient par le fait même un milieu privilégié de formation et de stage pour les intervenants québécois et étrangers. Par exemple, l’approche Carpe Diem a déjà voyagé jusqu’en Chine pour former des professionnels dans la mise en place d’un ensemble de services aux personnes âgées.
Ce rayonnement à l’international est rendu possible grâce à l’ensemble de ces innovations sociales centrées sur la personne. Celles-ci permettent de déconstruire la perception et la conception traditionnelle du malade et renforce du fait même, le sentiment d’utilité et dignité de la personne accompagnée.
Pour en savoir plus
- alzheimercarpediem.com
- Gil, Roger et Poirier, Nicole (2018). Alzheimer : de Carpe Diem à la neuropsychologie. Éditions Érès (Toulouse). 272 p.
- https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1138922/maladie-alzheimer-carpe-diem-trois-rivieres-blandine-prevost-crolles
- Bergeron-Gaudin, J-V, Carpentier, M-È., ., Jetté, C., (2013). Le transfert de l’innovation sociale à la Maison Carpe Diem : entre volonté individuelle et contraintes institutionnelles, Les Cahiers du LAREPPS, No 13-07, Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales.